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TEXTES - PRESS - PUBLICATIONS

« Face à son destin » - Aude Leveau – Commissaire d'exposition, Fondation Dapper


‘« Capter et aller au plus profond de l’âme humaine, c’est la seule chose que je cherche à atteindre en tant que photographe. » Cet objectif, Ziad Naitaddi l’atteint remarquablement dans cette série de clichés en noir et blanc pris à Salé, au Maroc. Photographié à travers le reflet d’une fenêtre d’un quartier populaire, un jeune homme au regard profond semble regarder l’avenir avec pessimisme. Il représente une certaine jeunesse, déjà désenchantée. Les deux autres clichés sélectionnés par la Fondation Dapper diffèrent sensiblement du premier. Ils ne montrent pas de visage et sont des captations « sur le vif ». Pourtant, le photographe parvient à y évoquer la même mélancolie, suscitant chez le spectateur la même émotion profonde qu’avec un portrait, si expressif soit-il. On a le sentiment de partager l’état d’âme des personnes photographiées, et ce même si on les distingue à peine, au loin. Ainsi, le champ des prises de vue relativement large donne l’impression que l’homme, de par sa condition, est seul face aux éléments et, plus largement, face au monde, si écrasant. Le choix de teintes particulièrement sombres et d’une atmosphère brumeuse renforce la tristesse qui ressort des images. Avec sa représentation de l’autre – mélancolique et empreinte d’une certaine poésie –, Ziad Naitaddi nous fait réaliser que l’homme est, d’une certaine ma- nière, condamné à être seul face à lui-même et à la vie. Dans cette série, le photographe semble se mêler à ses modèles, auxquels il s’identifie. Il réalise ainsi un véritable travail d’introspection qu’il nous restitue avec une esthétique particulièrement aboutie.’

 

 

 

 

“Moroccan photography today for a geo-photography of daily life!” - Fatima Mazmouz


‘Surfing a less journalistic wave than his colleagues and working more through the optic of personal perception, Ziad Naitaddi, a short-film director influenced by the cinema of Nuri Bilge Ceylan, offers us photography of hypersensitive, poetic dimensions. He explores the misty, gloomy ambiances of his birth town, Salé, pervading the mind with his ethereal introspection. Ziad’s images well up from inside. In one interview he stated: “As a photographer, all I seek is to reach out to and capture the depths of the human soul. In this series of dark hazy photos, I try to express my own feelings by photographing people with whom I identify and have an emotional resemblance – melancholic, solitary and isolated”(9). Where Ziad Naitaddi’s work experiences the city as pure emotion...Recounting personal worlds like Ziad Naitaddi’s photos’

 

 

 

« Ne cherchez plus, Les nouveaux talents de la photographie contemporaine sont aux Rencontres de Niort » - Adrien Pontet – Les Inrockuptibles

‘C’est le cas du benjamin de la résidence, Ziad Naitaddi, un photographe et vidéaste marocain né en 1995. Pour lui qui n’avait jamais participé à des résidences d’artistes jusque-là, l’expérience prend des allures de révélation : “Quand j’ai réalisé que j’avais été sélectionné, j’ai compris que l’art n’avait pas d’âge et qu’il n’était pas nécessaire d’être formé académiquement pour transmettre quelque chose et aller au plus pro- fond des émotions pour toucher l’âme du spectateur.” Encouragé par Munoz à suivre ses intuitions, il souligne alors l’importance du rôle de la photographe espagnole au sein d’une résidence dont le format implique nécessairement une dose élevée de stress et de précipitation:“Cela peut être compliqué parfois de prendre le temps de penser théoriquement et artistiquement nos projets pendant la résidence. C’est dans ces moments-là, entre autres, qu’Isabel Munoz était là, disponible pour nous aider à rester concen- trés sur ce que nous avions envie de raconter comme histoires et transmettre comme émotions. J’ai été extrêmement touché de voir à quel point elle nous poussait à faire nos propres choix, à réussir à encadrer tout en donnant toute la liberté nécessaire aux artistes. Car pour moi, on ne peut créer sans être libre.” Un sentiment de liberté qui lui a permis d’aller au bout d’un travail autour du sentiment de dépression et l’évanescence inhérente à toute forme de bonheur. Un sujet délicat, que Ziad Naitaddi aborde à travers des mises en scènes construites à partir de références cinématographiques, et des clichés tout en suggestion, ne montrant jamais vraiment le visage de ses sujets...On y rencontre des artistes parfois moins confirmés à l’image de Ziad Naitaddi, dont les travaux annoncent un futur radieux pour
la photographie de genre.’

« La jeune photographie éclot à Niort » - Michèle Warnet – Les Echos

‘Il faut saluer aussi le travail élégant et narratif de Ziad Naitaddi, qui capte des scènes de rues inspirées par des films qu’il aime, notamment le très culte «L’avventura» d’Antonioni.’

 

« Le bonheur fugace de Ziad Naitaddi » - Sébastien Acker – La Nouvelle République


‘Huit photographes, huit portraits en résidence aux Rencontres de la jeune photographie internationale de Niort, avec un principe : la photo est l’oeuvre d’un autre résidant. Aujourd’hui, Ziad Naitaddi (Maroc). Le benjamin de ces Rencontres, une dizaine d’années de moins que ses co-résidents en moyenne avec 22 ans au compteur, est arrivé à la photo par le cinéma. D’ailleurs, les personnages qui s’évaporent de ses plans larges d’atmosphères sombres et brumeuses ont tout du 7e art. « Mon coup de foudre pour le cinéma, je l’ai connu avec « Il était une fois en Anatolie « du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan. J’ai été très ému parce que j’ai réalisé alors qu’avec la seule image on pouvait exprimer des choses profondes. Quand j’étais petit, en école primaire, je passais un temps fou à contempler les photos de paysages dans les magazines et quand je voyais des personnages, j’adorais leur imaginer une histoire, faire comme si je vivais avec eux dans ces photos. Quand j’ai découvert que Nuri Bilge Ceylan était aussi photographe, j’ai vraiment eu un déclic », explique l’enfant de Salé, ville voisine du nord de Rabat (Maroc). Réalisateur de courts-métrages, des scénarios en poche pour voir plus loin, on lui avait conseillé la photo pour ap- prendre à cadrer, avant de sa lancer. « J’aime ce moyen d’expression. Je vois un monde très sombre, avec l’humain condamné à être triste, ce qui est joie et bonheur passe très vite », ajoute-t-il. Comme la fugacité de cet instant indéfinissable où l’on saisit dans le viseur l’image que l’on veut. Son projet sans titre, ses « Photogrammes » exposés à Niort, est le préambule aux travaux qu’il entend réaliser ici en résidence : « Comme si j’écrivais un scénario sur la bipolarité qui est en chacun de nous », projette-il, pour la première résidence photo de sa jeune vie.’

« Les paysages absentés de Ziad Naitaddi » - Olivier Rachet – Diptyk Magazine

 

Dans sa série Les Absents, le jeune Ziad Naitaddi photographie les paysages silencieux du Haut- Altlas qui gardent la trace de ceux partis chercher une vie meilleure ailleurs.
Au commencement, un rêve de cinéma. Ziad Naitaddi découvre, par l’entremise de Fouad, un vendeur de DVD de la médina de Rabat, le septième art. Bergman, Antonioni, Angelopoulos, Tarkovski, mais surtout le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan dont les plans larges et d’une extrême lenteur le fascinent. C’est en observant les paysages d’Uzak ou de Winter Sleep que le jeune homme originaire de Salé commence « à comprendre la couleur de l’espace qui [l’] entoure. J’ai saisi alors, explique-t-il, la distance qui me séparait du paysage. »
Par manque de moyens, il délaisse son désir d’étudier le cinéma et se tourne vers la photographie. Il est alors repéré par Laïla Hida de l’espace Le 18 à Marrakech qui lui offre en 2016 la possibilité de participer à la manifestation Dabaphoto. Il y présente son premier projet rebaptisé depuis Untitled Morocco où il met déjà en scène, dans des paysages épurés et le plus souvent plongés dans le brouillard, la solitude de ses contempo- rains.
Un voyage intérieur
Les résidences s’enchaînent alors à un rythme effréné. Du Centre d’art contemporain photographique de la Villa Pérochon à Niort à Darat Al-Funun en Jordanie, en passant par Dar Al-Mussawir au Liban où il se lance, dans le cadre du SMArt Exchange & Residency Programme 2017-2019, dans une série consacrée à la migration. Trois mois de résidence à Beyrouth que prolongera un séjour dans le Haut- Atlas marocain au cours duquel il poursuivra sa recherche photographique. De ce parcours d’amateur passionné et d’autodidacte éclairé, il tire la conviction qu’embrasser une carrière artistique relève de l’épreuve : « Je ne pense pas que l’artiste doive être un fonctionnaire d’État, reconnaît-il. La création s’impose toujours incompréhensiblement à nous. »
Sa participation en 2018 à la Biennale de Dakar forgera sa conviction que l’art photographique n’est pas seulement une question de technique, mais qu’il s’arrime surtout « à une expérience intellectuelle et sensible ». En voulant documenter la migration dans la région du Haut-Atlas, il dit avoir voulu se mettre « au service des absents », de ceux qui ont quitté leur village à la recherche d’un monde meilleur. Son dém sera de réaliser un portrait en creux de ces absents, en photographiant les paysages tant de fois scrutés par eux. Le voyage est aussi intérieur ; Naitaddi adopte le point de vue des migrants qu’il était venu rencontrer et qu’il ne vit pas, mais dont ces paysages silencieux gardent la mémoire vive. Le noir et blanc lui permet « d’aller directement vers l’indicible et le ressenti, là où la couleur disperse trop l’attention ».
Paysages dans le brouillard
Ce sont alors des paysages dépeuplés qui nous contemplent, dans des cadrages souvent resserrés. Des pans de montagne qui donnent l’impression de s’effondrer. Des natures arides plongées dans un brouillard des plus sombres. Ici, un arbre comme calciné. Là, un minaret trônant seul sans véritable raison d’être. Parfois un ml électrique traverse le cadre, mais il ne semble mener nulle part. Une ampoule électrique se repète à l’intérieur d’une fenêtre ou demeure absurdement suspendue, mais elle n’éclaire plus rien : « ce qui illumine la scène, ce n’est plus l’ampoule, mais la nature », commente le photographe. La désolation règne en maître, le sentiment d’abandon est total. Cette photographie déchirante, à la tonalité implicitement politique, séduit – Ziad reçoit en 2017 le Prix du Jury lors des Nuits photographiques d’Essaouira –, mais elle est sans espoir. Sans doute cette obscurité n’est-elle que l’autre face visible d’un pays à la lumière éclatante que beaucoup continuent pourtant de vouloir déserter.

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